Dans l'univers d'un patient

Par Pierre Elias et Karim Estephan

Entrevue réalisée avec Francis, 30 ans


Mon histoire débute à l’âge de 18 ans, quand une analyse sanguine de routine chez mon médecin de famille a montré un taux préoccupant de ma [créatinine sérique]. On m’a alors référé vers une néphrologue pour un suivi plus poussé qui m’a confirmé le diagnostic d’une insuffisance rénale. Je faisais des prises de sang mensuelles où l’on voyait une lente dégradation de ma fonction rénale. C’est à l’âge de 27 ans que j’ai commencé la dialyse et j’en fait encore aujourd’hui, 3 soirs par semaine, environ 15h au total.



Y a-t-il une amélioration en vue?

Non, malheureusement. Je suis sur la liste d’attente pour une greffe et c’est tout ce que je fais actuellement: attendre. C’est comme gravir une montagne sans voir le sommet. Je dis toujours que ma vie est en pause présentement, en attendant la greffe: j’aimerais retourner aux études, je rêve de voyager au Japon. Mais j’attends. 



Quels sont les défis auxquels vous faites face?

Mes proches? Ils m’identifient à ma maladie. Francis égal dialyse. Je suis reconnaissant, bien sûr, mais je dois t’avouer que c’est difficile de toujours être réduit à un diagnostic. Au bout du compte, je reste humain. 

Mon traitement? On m’a expliqué qu’une séance de dialyse est aussi taxante sur le corps qu’une journée complète de travail. C’est comme si, en plus de mon emploi normal, indispensable pour payer mes médicaments et pour accommoder mes restrictions alimentaires, j’occupe un deuxième emploi. Je dois avouer que j’ai rarement envie de m’y rendre.



Gardez-vous espoir?

Je ne vis pas le même cauchemar qu’au début. Je pouvais pleurer après un traitement tellement ma vie avait basculé. Sans dire que j’ai complètement accepté mon sort, la situation s’est atténuée, c’est certain. Je sais à quoi m’attendre et je m’y prépare en conséquence. 

En plus d’une équipe médicale très compétente, je suis bien entouré de mes proches.Pour ceux qui traversent des situations semblables, je vous dirais de vous tourner vers vos proches. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans eux.

Personnellement, j’ai aussi changé depuis le début de cette histoire. Je n’hésite plus à m’affirmer et ça me fait beaucoup de bien. Dommage que c’est ce qui m’a pris pour y arriver…



À ceux qui lisent votre histoire, quel message principal voulez-vous transmettre?

Signez vos cartes de don d’organes! Parlez-en à votre famille.