Éditorial - Édition 3

Éditorial - Édition 3

par Abderraouf Salhi

Encore dans le déni d’apprendre qu’il faudra désormais mettre beaucoup d’eau dans son vin, les agents de Québécor Média s’amusent à prendre pour cible la santé psychologique de nos camarades de l’Université Laval (voir l’article de Félicia H., page 3). C’est qu’ils jouent avec nos sentiments, cherchent la petite bête. Cela n’a rien d’étonnant lorsqu’on sait que le business de la chronique d’opinion repose sur la réaction, et que l’indignation attire plus que les célébrations. 

L’envie de plonger dans un combat à bras-le-corps contre des boomers qui se moquent de nous est certes irrésistible, mais nous devons nous efforcer de faire mieux. Notre temps et notre énergie sont limités, et la plupart d’entre nous sont déjà submergés de bien d’autres envies… Les récents événements en ont été un bon exemple, mais bon, c’était juste une fois au chalet. Il faut reconnaître que ces moments de relâchement et de fête savent répondre aux besoins des jeunes « lapins » que nous sommes. Selon les professionnels de l’amour, ils comportent toutefois leur lot d’effets retors et de mauvaises surprises avec lesquels il n’est pas toujours facile de composer (voir l’article de Clara C., pages 6 et 7). 

Considérant la température tropicale de Roger-Gaudry, personne ne s’étonnera qu’il y ait parmi nous des cas de déshydratation marquée. À la grippe hivernale (ou l’EBV, qui sait ?) se rajoutent ainsi les potentiels coups de chaleur comme cause primaire d’absence pendant les cours. Fidèle à elle-même, la communauté médicale a bien pris soin de documenter cette étiologie pour nous en montrer le meilleur comme le pire (voir les Confessions étudiantes, pages 8 et 9). Cependant, cela risque de ne pas suffire et il serait peut-être avisé de faire un peu de lobbying pour inciter la Faculté à être plus flexible dans ses justifications d’absence pour le prochain mois.

Quelque part, ces pics d’activité sont indicatifs d’un regain d’énergie inusité suite au soulagement d’avoir complété les blocs les plus ardus de l’année. Ils sont peut-être aussi le signe d’une anomalie...  Les entrevues du CaRMS, le bloc de neurologie, l’amorce de la fin du préclinique et les préparations pour l’externat se bousculent pour gagner la première place sur le podium des hésitations, des insécurités et des appréhensions. Pour cette session d’hiver, la Saint-Valentin accompagne parfaitement les jeux de l’amour et du hasard, et même dans cette science mécanique et raisonnée que tente d’être la médecine, la pulsion garde une place centrale. Le cœur battant en ouvrant le « Babillard des résultats », la satisfaction d’avoir enfin complété un bloc peut en une fraction de seconde virer au désastre personnel. Nous apprenons pourtant que les patients et les patientes sont plus que la somme de leurs résultats d’examens. Pourtant, il semble difficile de s’accorder la même sollicitude (voir l’article de Lucas B., page 3). 

Le mois le plus court, le plus froid et le plus redouté de l’année est celui au cœur duquel se retrouve la célébration des amours. Les cyniques y verront une entreprise pour relancer les boutiques pendant le creux de l’hiver, mais malgré cette vérité implacable, il est aussi possible d’y voir une résistance collective face aux aspérités du moment. Chroniqueurs, examens, entrevues et grippes n’ont qu’à bien se tenir!