Éditorial 4

Éditorial 4

par Tian Ren Chu

Chers lecteurs, chères lectrices,

L’équipe du Pouls a le plaisir de vous présenter sa dernière édition de l’année 2022-23, qui se veut une exploration du thème Dystopie

Ce terme, utilisé pour la première fois par le philosophe britannique John Stuart Mill en 1868, s’est depuis enraciné dans l’imaginaire et la culture occidentale, inspirant d’innombrables œuvres littéraires et cinématographiques au fil des années. Celles-ci nous invitent souvent à critiquer et à remettre en question certaines tendances politiques ou sociales prises pour acquis dans leur émergence, afin de nous prévenir de leurs dérives potentielles (voir texte de Rania Bohsina, p. 4-5).  

Il est indéniable que nous traversons présentement une période de complexité croissante où les changements s’enchaînent à une vitesse ahurissante, entraînant des conséquences parfois difficiles à prédire. ChatGPT qui, chaque jour, s’immisce un peu plus dans nos vies, ne fait qu’annoncer le début d’une ère où l’intelligence artificielle amènera de profonds bouleversements, autant dans les salles de cours que dans la pratique médicale ou le développement d’armes militaires (voir texte d’Aurélie Faubert, p. 6-7). 

Mentionnons aussi les nombreux conflits politiques et crises humanitaires qui perdurent à travers le monde (voir texte de Fatima Mesref, p. 13), ou encore, le climat d’hostilité et d’incertitude qui surgit face aux flux migratoires et menace de faire dominer notre instinct primitif de la peur de l’autre (voir texte d’Abderraouf Salhi, p. 10-11). 

De toute évidence, dystopie ou pas, ce ne sont pas les problèmes qui manquent dans le monde aujourd’hui. D’ailleurs, lorsqu’on est médecin et que l’on travaille en oncologie pédiatrique, en soins palliatifs, ou même dans une clinique sans rendez-vous, il n’est pas nécessaire de suivre l’actualité chaque matin pour se rendre compte que la souffrance est présente à tous les coins de rue, même si elle ne saute pas toujours aux yeux comme dans les nouvelles. C’est parce qu’en médecine, nous avons le rare privilège de faire la connaissance intime de l’histoire de vie de tant de personnes qui nous accordent une confiance unique – après tout, une histoire de cas, ça reste une histoire, non ? 

Certains disent que « la vie est un long fleuve tranquille ». Cependant, plus j’entends de ces récits de vie, qu’ils proviennent de patients ou de proches dans mon entourage, plus je suis persuadée que la vie s’apparente plutôt à un cours d’eau sinueux, rempli de tournants imprévisibles et capable de s’engouffrer dans des rapides du jour au lendemain. 

Et pourtant, lorsque j’écoute ces histoires de combats contre une maladie chronique sans cure, un système de santé dysfonctionnel, ou encore le désespoir et l’envie de baisser les bras, ce qui me frappe avant tout, c’est l’immense résilience dont ces personnes ont dû faire preuve au cours de leur long cheminement. Une résilience à la fois inspirante et réconfortante, car lorsque nous parviennent des nouvelles de guerres, de conséquences désastreuses du réchauffement climatique, ou de climat politique polarisé et hostile… bref, quand tout semble aller mal à l’échelle globale, c’est dans ces histoires d’individus que je trouve espoir. Elles me rappellent et me rassurent qu’au fond de nous-mêmes, nous avons la force et le courage nécessaires pour affronter les défis qui se présentent à nous, peu importe leur envergure. Que, même si l’on peut se sentir impuissant face au chaos et à la complexité du monde, nous avons néanmoins le pouvoir de rester ancrés à nos valeurs et de choisir le bien à travers chaque petite action (voir texte de Christina Fayad, p. 7). Et qu’après l’hiver et le verglas, viendra toujours le printemps (voir poème de Jia Liu, p. 13). 

Avec l’été qui s’annonce et les soirées qui s'allongent, arrive aussi la fin de mon mandat en tant que responsable du journal étudiant. J’ai eu la chance extraordinaire cette année de prendre part au projet excitant et enrichissant qu’a été le retour du journal Le Pouls sous forme imprimée. Je suis surtout reconnaissante d’avoir pu travailler avec une équipe motivée, douée, pleine de bonnes idées, sans qui ces éditions n’auraient jamais vu le jour. Un gros merci également à tous ceux et celles qui ont contribué au Pouls cette année, que ce soit à travers un article, une illustration, un mots-croisés, ou simplement en partageant notre enthousiasme dans la réalisation de ce projet !  

Sur ce, bonne fin de session et bonne lecture à tous ! 

Crédits à Florence Séguin pour l’image de couverture