Climat et médecine humanitaire : de nouveaux défis

Climat et médecine humanitaire : de nouveaux défis

Par Alexie Fonta Holder, rédactrice pour Amis de MSF UdeM

Le 30 novembre dernier, la 28e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) s’est ouverte à Dubai pour identifier les pistes d’action contre ce phénomène. Les personnes participantes représentaient les nations concernées ainsi que de nombreuses organisations : Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, The Green Climate Fund, The Rockefeller Foundation, l’Organisation Mondiale de la Santé, etc. À cette occasion, un nombre impressionnant de 40 millions de professionnels et professionnelles de la santé ont aussi lancé conjointement un appel d’urgence. En effet, les changements climatiques ont de multiples impacts, dont des répercussions majeures sur les conditions de santé.


Après plusieurs jours de délibérations, des résultats ont été obtenus. Il a d’abord été convenu que 3,5 milliards de dollars seraient amassés pour financer le Green Climate Fund, le fonds monétaire de lutte aux changements climatiques le plus important du monde. Environ 120 pays ont de plus accepté la Déclaration internationale sur le climat et la santé de la COP28 UAE, dont l’objectif principal est d’accélérer les actions pour protéger la santé mondiale en lien avec les impacts des changements climatiques. Enfin, lors de cette conférence, les dirigeants et dirigeantes ont pour la première fois identifié le problème numéro un comme étant l’utilisation des énergies fossiles qui accroissent considérablement l’effet de serre. Le verdict est donc de travailler à « diminuer les énergies fossiles », mais aucune promesse de les bannir n’a été faite. 


Ces décisions ont suscité de nombreuses réactions. Ainsi, Médecins Sans Frontières (MSF) demande que des actions plus concrètes soient exigées. La situation actuelle soulève de multiples enjeux sanitaires et humanitaires, dont la qualité de l’air, la réduction de la production alimentaire, la chaleur extrême, l’augmentation du niveau de la mer, la distribution de vecteurs pathologiques, etc. Il a notamment été souligné que presque 9 millions de personnes sont décédées en 2023 en raison de la pollution aérienne. On estime également que 189 millions d’individus sont exposés à des intempéries excessives chaque année. Selon l’OMS, à ce jour, 2 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable et 600 millions souffrent de maladies reliées à la malnutrition (causant 30% de morts chez les enfants de moins de cinq ans). Environ 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones identifiées comme très sensibles aux impacts des changements climatiques. Enfin, dans les 20 dernières années, le nombre de décès provoqués par la chaleur parmi les gens de plus de 65 ans a augmenté de 70%. Bien que la situation soit déjà critique, les recherches conviennent que celle-ci ne s’améliorera pas dans un futur proche. À ce sujet, l’OMS prévoit que 250 000 décès supplémentaires par année se produiront entre 2030 et 2050, résultant notamment de la dénutrition, du paludisme, de l’anxiété climatique et de la déshydratation. 


MSF souligne par ailleurs que les communautés souffrant le plus des répercussions des changements climatiques sont souvent celles qui en sont le moins responsables. En effet, les pays industrialisés sont généralement à l’origine des plus importants impacts sur le climat, en raison de leur mode de vie : surconsommation, transport, etc. Cependant, ce sont les pays les moins développés qui subissent le plus notablement les conséquences des changements climatiques, car ils sont moins bien équipés pour réagir à la situation. Ce qui se passe à Madagascar illustre bien cet enjeu : depuis quelques années, le pays est frappé par des cyclones consécutifs majeurs qui détruisent les récoltes et déracinent les arbres. En 2022, après le passage de deux cyclones en un seul mois, presque toutes les récoltes commerciales ont été perdues. En plus des cyclones, l’irrégularité dans les précipitations occasionne une hausse drastique de la malnutrition dans l’île malgache. 


Bien qu’un accord ait été conclu à la fin de 2023, Médecins Sans Frontières ainsi que d’autres organisations réitèrent l’importance d’entreprendre des actions solidaires pour que les changements climatiques soient abordés dans une perspective mondiale, sans quoi la situation sanitaire s’aggravera encore davantage.