PRISON SANS CLOISON

PRISON SANS CLOISON

La vague tumultueuse m’emporte sur la rive
Recouvert d’écume, de mousse
De bave engluée sur ma chair, dans ma mémoire

Ballotté par mes pensées ignobles
Quelque part entre la moiteur du mouvement et la lividité de l’inertie
Je me sens effacé, je divague
La tête dans les nuages, les yeux dans les étoiles
Mon âme déracinée, extirpée de mon corps

Ils m’adressent la parole
Ces mots, tels des sabres qui mon cœur transpercent
Et j’esquive leurs phares qui mon esprit traversent
Ils m’aveuglent

Éviter, éviter, éviter les phares…

Je n’entends rien, je suis sourd
Bourdonnent mes oreilles
Je suis nu comme un ver, inoffensif
Et j’ai la chair de poule

Mon cœur bat la chamade
Je parle, je bafouille, je tremble de partout,
Je transpire, j’étouffe

Qu’attendent-ils donc de ma part?

Prends garde, aucun contact visuel

Mais où suis-je? Je perds la raison
Ma mémoire est infestée de troublantes réminiscences

Que faire? S’esbigner?
Non, ce n’est guère assez subtil

J’implore les démons de briser ces chaînes
Chaînes qui me gardent prisonnier de cette existence barbare!
Je tressaute, oui, c’est bien eux! Je les perçois du coin de l’œil
Enfin sauvé!

La lumière aveuglante des phares s’estompe
Doucement… Doucement…
Et… je quitte.

L’espoir a l’esprit bien fourbe.


- Poème en vers libres d’un anxieux social

Anonyme