LES INTRANQUILLES

par Radilena Paskaleva

Damien et Leila vivent ensemble avec leur fils et s’aiment ardemment. Leur vie est bousculée par le diagnostic de bipolarité de Damien suite à une crise maniaque. C’est une histoire à la fois sur la maladie, mais plus encore d’amour. 

Film de Joachim Lafosse, présenté dans la Sélection officielle de Cannes 2021, avec Damien Bonnard et Leila Bekhti. 

Nous sommes rapidement plongés dans la réalité de cette famille. C’est un film profondément touchant qui présente de manière très intime la vie avec la bipolarité au sein d’une famille, à la fois du point de vue de Damien qui la vit, mais aussi de sa femme et de son fils. Le titre est, d’ailleurs, un hommage au peintre Gérard Garouste, dont l’autobiographie se nomme L’intranquille, qui souffrait aussi de bipolarité. Le sujet abordé est original et peu développé au cinéma, ce qui rend la chose encore plus intéressante. C’est aussi sur la difficulté de se définir comme autre que les étiquettes que l’on s’appose, et plus particulièrement en santé mentale. Damien n’est pas que défini par sa bipolarité, c’est aussi un peintre, un père, un conjoint. Ce qui permet de faire de petits parallèles avec nos cours de CDV!  L’histoire est aussi très vraie avec un sentiment de réalisme fort. On croit aux personnages, et les entrevues avec les acteurs nous confirment les préparations au préalable qui ont permis d’obtenir une telle crédibilité. On s’attache à eux, on vit leurs difficultés, on veut que les choses s’arrangent. Leur pluridimensionnalité fait la richesse du film. Damien est un peintre passionné qui peut passer des soirées à s’exprimer sur des toiles, un amant intense et foncièrement attaché à Leila, un père attentionné qui veut le meilleur pour son fils. Leila est réparatrice de meubles en bois, mais elle tente aussi de réparer son mari, sa famille. Le montage est très bien rythmé, entrelace humour et sérieux dans un délectable équilibre, auquel s’ajoute la musique qui complémente de manière exquise le tout. Une des scènes qui m’ont le plus marquée est celle du trajet en voiture en famille sur la musique Idées noires de Bernard Lavilliers, avec Damien et Leila qui chantent par-dessus, scène qui laisse présager la suite de l’histoire. Succulent! La fin m’a vivement émue. Une ode au besoin de soutenir les initiatives en santé mentale. Le jeu d’acteur est absolument génial et poignant, tant par les adultes que par le jeune Gabriel Merz Chammah, qui est une révélation totale! La cinématographie est très belle et le travail des tableaux en collaboration avec Piet Raemdonck est remarquable! Les paysages du Sud de la France sont aussi absolument pittoresques. 

Je recommande fortement ce film présenté au festival Cinémania et qui sortira en salles en mars 2022. Original et touchant sont les mots que je choisirais pour le décrire brièvement : il vaut la peine d’être vu, d’autant plus qu’il aborde des thématiques liées à la médecine et nous confronte au vécu de patients qui souffrent de bipolarité, mais aussi à celui de leurs proches qui doivent les aider dans ce périple. C’est aussi pour faire passer le message que ces patients sont aussi des personnes, qui ont d’autres rôles, qui sont capables d’aller mieux, de nous apprendre tellement de choses! 

Au plaisir de vous rencontrer dans un cinéma!

"Les Intranquilles" de Joachim Lafosse • Crédits : Les Films du losange [https://www.franceculture.fr/conferences/les-intranquilles-de-joachim-lafosse]