Le Pouls

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Suggestions culturelles

par Clara Coderre

Au retour d’une randonnée magnifiée par les feuilles colorées ou pour profiter d’une petite pause d’étude par une journée pluvieuse, je vous propose ici trois recommandations culturelles. 

D’abord, pour les lecteurs : 

Nos renoncements 

Intervenant auprès d’hommes ayant des comportements violents, Julien Gravelle utilise son expérience personnelle comme fil conducteur de son essai. Il en profite pour présenter quelques chiffres et statistiques révélatrices au sujet des relations hommes-femmes et des défis auxquels elles se heurtent. Il tâche également d’identifier quelques-unes des causes sociales et culturelles qui créent une souffrance chez les deux sexes. Par exemple, il élabore sur les piliers qui soutiennent actuellement la masculinité (autonomie, force, contrôle, etc.), et affirme qu’une redéfinition de ces codes avantagerait autant les hommes que les femmes. Il laisse ainsi aux lecteurs quelques pistes pour tenter de diminuer la détresse psychologique et la violence.  

Se lisant en quelques heures à peine, ce court essai aurait pu être plus étoffé, mais son format succinct le rend accessible à tous. Bien que l’offre d’ouvrages sur ce sujet s'accroît sans cesse, la réflexion ici proposée est pertinente et constitue une bonne porte d’entrée pour des lecteurs néophytes. 

Nos Renoncements, Julien Gravelle, Leméac

Ensuite, pour les cinéphiles : 

Le père 

Sortie en 2020, cette adaptation de la pièce de théâtre homonyme de Florian Zeller n’est pas une nouveauté cinématographique, mais elle demeure intéressante à découvrir. Mettant en vedette Anthony Hopkins, gagnant d’un Oscar pour cette performance, l’œuvre aborde avec une grande sensibilité la démence (ou plutôt les troubles neurocognitifs majeurs). Jusqu’à la résolution finale, le spectateur perd complètement ses repères, ne sachant plus ni qui ni quoi croire. Si cette représentation de la maladie s'avère exacte, l’auditeur comprend l’angoisse ressentie lorsqu’on a l’impression que notre propre tête, auparavant fiable, nous joue des tours. Olivia Colman, dans le rôle de la fille du père atteint, offre elle aussi une interprétation puissante. Efficacement racontée, l’histoire se résout en un peu plus d’une heure et demie, et la scène ultime, poignante, vaut selon moi à elle seule l’écoute du film. 

Le film se trouve sur la plateforme Criterion sur demande, accessible via les bases de données de l’université. 

Finalement, pour les dramaturges : 

Le fils, au Théâtre du Rideau Vert 

Tel que mentionné plus haut, le film « Le père » est adapté d’une pièce de théâtre. Or, l’œuvre de Zeller se compose d’un triptyque, complété par « La mère » et « Le fils ». Ces jours-ci, le Théâtre du Rideau Vert met en scène la troisième création. On y rencontre un garçon de cinquième secondaire, dont les parents ont récemment divorcé. Or, le jeune homme traverse une passe morose, normale quoique inexpliquée, où chaque obligation du quotidien lui apparaît comme une montagne. Bien démunis et maladroits face à sa tristesse, ses proches tentent de leur mieux de le soutenir en lui offrant ce qu’ils jugent adéquat.  

Les dialogues, quelquefois convenus et peu naturels dans la première moitié, gagnent en réalisme à mesure que la pièce se développe. Le jeune acteur dans le rôle du fils, Émile Ouellet, sera certainement revu au théâtre ou à la télévision dans les prochaines années. Sans oublier Vincent Guillaume-Otis, qui interprète le père, et confirme une fois de plus son grand talent. 

Bien que le thème de l’adolescence ait été abondamment abordé en art, l’impact du divorce sur celle-ci est ici brillamment développé. La sobriété de la mise en scène et de l’interprétation s’accorde joliment aux propos, et pourra plaire à ceux que l’exubérance scénique irrite. C’est moderne, touchant et intelligent.

Présenté jusqu’au 29 octobre