Le Pouls

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Renaissance

par Anonyme

Pour la première fois, un doux aria me caresse. Je peine à étudier, distraite par ces chants d’oiseaux qui entraînent mes pensées dans des virvoltements nouveaux. Leur présence ancre dans mon esprit une réalisation rassurante. Ils sont là, peu affectés par la pandémie qui paralyse toute l'humanité. La nature suit différentes lois, le printemps perce l'hiver et renaît avec émoi. De plus beaux jours vont venir, nous pouvons presque les sentir. Même les rayons du soleil couchant accompagnent ces sons du terroir d'une note d'espoir. 

Le lendemain soir, je me prélasse, lisant les diapositives d'un cours, essayant de ne pas être distraite par la beauté de ce jour. Les nuages sortent tout droit d'une peinture, un soleil bas se reflète sur l’écorce d'arbres bourgeonnants, sur les branches de pins ayant bravés le temps. Je me sens renaître dans cet air champêtre.

L'air chaud me somme de retourner en voyage à Rome que j'ai eu peine à laisser il y a de cela quelques années. Je respire presque le souvenir d'une marche sur une de ses célèbres collines lors d’une soirée chaude de mai. Bientôt.. pourrai-je y retourner? Je peux enfin l’espérer.

Il ne reste que quelques mois de marathon. Les bourgeons, décorant les érables d’un rouge admirable, en témoigneront. Souhaitons que cette année si ubuesque, jamais ne revienne. Elle nous a causé trop de peines. J'ose enfin espérer avoir la possibilité de planifier une escapade, de me remettre à penser à plus que toutes ces barricades. Elles qui, quoique absolument nécessaires, me laisseront toujours en bouche un goût amer.

Je respire et je ferme les yeux. Le chant des Geais bleus accompagne la musique que j'écoute pour étudier. C'est un petit bonheur que d'être accompagnée par ces petits êtres qui, tout bonnement, redeviennent heureux lors de la venue du printemps. En espérant que cette magie me touche aussi.