Le Pouls

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Profils étudiants

Mathieu Neault  

Quel est ton parcours ?

Après un bac en biochimie à l’UQAM, j’ai fait un doctorat à McGill en « experimental medicine » sur les suppresseurs tumoraux, puis un postdoctorat à l’UdeM sur le thème de la leucémie mégacaryoblastique aigüe pédiatrique.

Comment concilies-tu tes études et la parentalité? 

En devenant parent, on développe le pouvoir de rester fonctionnel tout en étant, intérieurement, complètement siphonné (un atout pour la Med). Il faut être humble et accepter de ne pas toujours être au top.

Quels sont les plus grands défis que tu as surmontés ? 

Être – et demeurer – un père présent et impliqué tout en poursuivant un curriculum scolaire relativement exigeant : c’est un défi constant.

Qu’est-ce que la parentalité t’apporte aujourd’hui ? 

Avec les années, j’ai su acquérir une certaine maturité que je n’avais certainement pas tout frais sorti du CÉGEP. Aussi, mes enfants me servent de cobayes pour les ECOS.

Un conseil pour quelqu’un dans une situation similaire qui voudrait aller en médecine ? 

UVAV! (une vie à vivre!)

Questions en rafale : 

Ta plus grande inspiration : Mes collègues de cohorte qui sacrifient une belle partie de leur vie pour devenir MD! Chapeau bas lâchez pas!

Quel est ton plat favori : tous les plats sont favoris en bonne compagnie!

Lève tôt ou couche-tard :  Lève-tôt ET couche-tard, c.-à-d. je dormirai quand je serai mort 😉

Guillaume Martineau

Quel est ton parcours ? 

J’ai commencé à jouer de la musique à un jeune âge et débuté spécifiquement les cours de piano à huit ans.  La musique a toujours fait partie de ma vie depuis. À l’adolescence, j’ai commencé à jouer et composer dans un groupe rock mais un peu en cachette, ne voulant pas que mes professeurs en classique le sachent.  Étant habitué de mener une double vie entre l’école et « les » musiques, j’ai décidé de faire mon Cégep en Sciences de la nature.  À ce moment, ce qui me fascinait des sciences n’avait rien à voir avec la médecine.  C’était plutôt des sujets comme l’astrophysique, l’anthropologie ou tout ce qui pouvait faire philosopher sur la vie (bien qu’au bout du compte, la médecine peut aussi nous faire philosopher!).  Très rapidement, j’ai su que la musique dépassait toutes ces passions et j’ai senti qu’il était temps de concentrer mes efforts vers ce but.  Il y a quelque chose de similaire entre la musique et le sport lorsqu’on désire tendre vers un niveau professionnel, dans la mesure où il faut profiter de ses jeunes années pour bâtir le plus d’acquis possible.  Ce serait très difficile d’espérer devenir pianiste professionnel ou, disons, skieur olympique, si on décide de commencer à jouer ses premières gammes ou descendre ses premières pistes seulement dans la trentaine.  Je suis donc entré au Baccalauréat en interprétation classique à l’Université de Montréal (sans me douter que j’allais y retourner plusieurs années plus tard!).  J’ai par la suite fait ma maîtrise à McGill.  Je m’enlignais par la suite pour un Artist Diploma à Indiana University, mais c’est alors que j’ai eu une grande remise en question.  Non, pas tout de suite la médecine!   Avec mon côté « caché » de compositeur et d’improvisateur toujours présent, je sentais qu’il y avait quelque chose en moi que l’univers de la musique classique ne me permettait pas d’exploiter.  C’est alors que j’ai décidé d’un peu tout recommencer et me lancer en jazz.  C’était une grande surprise pour les gens qui me connaissaient, mais en même temps, tout ça avait aussi du sens pour eux.  Il y a donc eu un moment, qui persiste toujours d’ailleurs, pendant lequel je me sentais évidemment très débutant en jazz et où j’avais peur d’être en train de perdre mes acquis en classique.  J’ai adoré ce moment, de sentir qu’avec le même instrument avec lequel j’avais bâti tant de confiance, soudainement je retournais au stade d’apprenti.  Après une année, j’ai eu la chance d’être aussitôt admis au prestigieux Berklee College of Music à Boston.  C’est alors que j’ai pu rencontrer des musiciens inspirants et motivés de partout à travers le monde.  En même temps, je me faisais rapidement les dents en jazz.  Puis, après ce diplôme, je suis retourné à Montréal pour y commencer ma carrière professionnelle.  Ma double formation m’a donné une place privilégiée et j’ai eu la chance de développer et de participer à de nombreux projets qui m’ont fait voyager partout au Québec, au Canada, mais aussi à l’international dans des pays comme le Japon, la Chine, la France, l’Allemagne et le Mexique, etc.  Tout à coup, la pandémie s’est pointée du nez et les activités se sont drastiquement estompées.  Pour moi, qui étais habitué à être plutôt hyperactif, ce grand calme m’a donné beaucoup de temps pour réfléchir et m’a incité à apprendre quelque chose de nouveau.  Bien que la musique a longtemps été mon métier et ma priorité, j’ai toujours eu des intérêts diversifiés. C’est celui pour la santé a refait surface à ce moment-là, en plein contexte de pandémie.  Après plus de dix ans de carrière, je me sentais prêt pour une nouvelle aventure et j’ai lancé un coup de dés avec la vie en appliquant en médecine.  De toute manière, la musique faisait partie de mon ADN et n’allait de toute façon plus pouvoir me quitter.  J’avais devant moi quelques modèles de musiciens qui avaient réussi à conserver un pied dans le monde de la musique tout en pratiquant la médecine et cela m’a grandement encouragé.  J’ai donc finalement été accepté et j’ai pu revivre cette angoissante, mais ô combien merveilleuse expérience de se sentir débutant à nouveau.  

Comment concilies-tu tes études et la musique ? 

Nous savons très bien qu’il est important pour tout étudiant en médecine de garder une place dans son horaire pour prendre soin de lui-même, pour ses passions et pour sa vie sociale.  La musique joue pour moi toutes ses fonctions.  Lorsque l’étude s’intensifie, j’ai l’impression que le simple fait d’aller quelques minutes au piano a pour effet de réinitialiser mon cerveau. Je peux même travailler sur quelque chose de plus laborieux musicalement, par exemple en préparation d’un prochain concert, et cela me redonnera malgré tout de l’énergie pour retourner à mes livres de médecine.  Il m’arrive parfois lors de mes contrats d’avoir quelques notes de cours cohabitant avec mes partitions sur le piano.  Dans les temps morts, par exemple entre le test de son et le concert, je saisis l’occasion de réviser un peu.  Étant très auditif (déformation professionnelle!), je me suis créé une méthode d’étude qui consiste à m’enregistrer pendant que j’étudie à haute voix.  Je réécoute donc souvent mes propres enregistrements dans des contextes où il est normalement peu pratique d’étudier, ex : en faisant la vaisselle, en conduisant, en repassant des chemises, etc…. Cela me permet d’économiser un peu de temps que je peux alors dédier à la musique.

Quels sont les plus grands défis que tu as surmontés ? 

La transition du classique au jazz a représenté un grand défi.  J’étais tellement conditionné à pratiquer tous les jours un certain nombre d’heures en classique qu’au départ, j’avais du mal à consacrer des heures à autre chose que cela.  Après mon changement de trajectoire, je craignais de devoir graduellement perdre tout ce que j’avais appris.  C’était comme faire un deuil.  Pendant un long moment, je me suis senti comme dans un « no man’s land » en croyant que mon classique était en train de régresser et sachant très bien que je n’étais encore rien d’autre qu’un novice en jazz.  Le sentiment était étrange, mais tranquillement, je m’y suis fait, en assumant que mon nouveau rôle était d’être une sorte de touriste ou voyageur dans les deux univers.  C’est en effet comme arriver dans un pays dont on ne connaît pas la langue.  Avec le temps qui passe, on comprend de mieux en mieux et on sent un jour qu’on peut avoir notre mot à dire.  Ce sentiment était encore plus grand en faisant le saut en médecine, mais cette fois, je savais très bien que c’était ce qui m’attendait et j’y ai pris un grand plaisir.

Qu’est-ce que la musique t’apporte aujourd’hui ? 

Lorsqu’on termine des études en musique, on sent que ce n’est qu’un début.  Puisqu’il s’agit d’un art, on ne cesse de ressentir ce besoin de l’approfondir et je crois qu’il est sain d’avoir l’impression d’être toujours en état d’apprentissage.  Bien que l’on puisse sentir que c’est notre vocation, on prend continuellement conscience des lacunes qui nous restent à combler.  Au départ, ces lacunes sont plutôt d’ordre technique, mais plus on avance, plus le travail est psychologique et doit se faire sur nous-même.    Jusqu’à maintenant, les parallèles entre la musique et la médecine sont plutôt difficiles à trouver de mon côté, mais j’ai l’impression qu’ils me seront de plus en plus clairs en avançant. Bien qu’on puisse sentir une passion pour la médecine, à plusieurs moments, on peut se remettre en question et se dire : est-ce que c’est vraiment fait pour moi? Est-ce que j’ai la bonne personnalité pour la profession?  Je crois, ou j’espère, que comme pour la musique, plusieurs types de personnalités peuvent être compatibles avec la profession.  Pour parfaire cet art, nous aurons tous des défis fort différents les uns les autres.  La musique m’a appris à ne pas me décourager devant les différents obstacles à surmonter sur le chemin.  J’essayerai d’adopter cette même attitude dans mon parcours en médecine.   

Un conseil pour quelqu’un dans une situation similaire qui voudrait aller en médecine ? 

Je lui conseillerai de s’y lancer à bras ouvert mais en tâchant de conserver la musique dans sa vie.  Celle-ci lui permettra de garder un pied sur terre, de garder un contact avec son univers intérieur et de recharger ses batteries.  Pour devenir un bon musicien, il faut apprendre à travailler intelligemment et nous passons des années à comprendre ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas pour nous, à réviser notre méthode de pratique pour trouver la façon la plus efficace d’avancer.  Le fruit de tous ces efforts et toute cette compréhension peuvent tout à fait être transposés dans des études en médecine qui, nous le savons, demandent une discipline quasi artistique. 

Questions en rafale : 

Ta plus grande inspiration :  Dans le contexte du saut de la musique vers la médecine, je pense au pianiste/médecin urgentologue Mathieu Gaudet.  Depuis plusieurs années, je suis fasciné de voir comment il réussit à donner autant de concerts et d’enregistrer de si merveilleux albums tout en pratiquant la médecine.  Il m’a permis de croire que l’idée n’était pas folle et que cela pouvait être possible.  Nous avons récemment fait un concert ensemble et j’ai pu recueillir de judicieux conseils de sa part pour la suite des choses.

Quel est ton plat favori :  Pour être honnête, la nourriture est parfois chez moi une passion encore plus grande que la musique et la médecine! Ceci dit, j’ai vraiment de la difficulté à dire ce qu’est mon plat préféré.  Si j’écoute mon « cœur », ce serait sûrement un plat faisant partie de la diète méditerranéenne!

Lève tôt ou couche tard : Le métier de musicien m’a souvent obligé à tendre un peu plus vers le « couche tard » mais pourtant, j’adore me lever tôt.  J’adore sentir que la journée est encore fraîche, d’être debout alors que la ville est calme et endormie.  Peut-être est-ce parce que cela m’arrive trop rarement que j’apprécie autant la chose… nous verrons si cela tient encore lorsque les stages de chirurgie commenceront!

Jessica Boulet Larose

Quel est ton parcours ?

Par où commencer? J’ai grandi dans une petite ville estrienne quasiment mono-industrielle qui, disons-le ainsi afin de rester polie, n’était pas la Mecque de l’érudition. J’étais passionnée de sciences, studieuse et motivée quand j’étais à l’école primaire. Cependant, le milieu scolaire dans lequel j’ai évolué, particulièrement au secondaire, a fait en sorte que je n’avais aucunement la conviction que je détenais l’expérience nécessaire pour faire un choix de carrière éclairé après la remise des diplômes. J’ai changé de ville et je suis allée sur le marché du travail quelques années, puis j’ai subséquemment essayé un DEC en design de mode qui fut une déception profonde. Après maintes années de tergiversations et de déménagements, j’ai débuté un emploi sur la construction en tant que cimentière, un métier qui ne m’a jamais apporté une once de satisfaction personnelle. Néanmoins, au fil des ans, j’ai recommencé à lire de plus en plus de livres sur les sciences, plus particulièrement sur la physique des particules et les sciences biomédicales. Or, je me rendis compte à quel point ça me manquait. C’est vers l’âge de 27 ans que j’ai tout abandonné afin de m’inscrire à l’école des adultes, où j’ai dès lors enfilé l’un après l’autre tous les cours de mathématiques et de sciences qui me manquaient pour aller au Cégep en sciences de la santé. Mon but ultime était, vous l’aurez deviné, la médecine. Je me suis surprise à performer avec le même sérieux et la même motivation que jadis au primaire, puis me voilà maintenant ici.

Comment concilies-tu tes études et ta vie personnelle ? 

Puisque j’ai déjà été domptée par mes obligations professionnelles antérieures, je dois admettre que cela est plutôt simple à mon âge. Il est bon, voire sain de retirer de la satisfaction par le biais de son travail, mais il ne faut jamais que ce dernier vienne entacher la qualité de nos relations personnelles.

Quels sont les plus grands défis que tu as surmontés ? 

Avoir développé une maladie auto-immune sévère nécessitant un traitement mensuel constitue un défi continuellement renouvelé, mais il s’agit là d’un mal nécessaire. Aussi, en rétrospective, je peux dire qu’il ne fut pas nécessairement aisé de tout abandonner afin de recommencer à zéro. J’ai toutefois eu du soutien venant de mes proches et de ma famille, un atout important dans la réussite.

Qu’est-ce que ton expérience passée t’apporte aujourd’hui ? 

J’ai naturellement acquis beaucoup de dextérité manuelle au fil des ans grâce à mon parcours professionnel, mais je trouve que le fait d’avoir vécu dans plusieurs milieux différents et côtoyé diverses classes sociales est de loin ce qui m’apporte le plus dans ma formation au quotidien. Ces expériences, à mon humble avis, enrichissent mon approche avec les patient.es tout en me donnant plus d’assurance.

Un conseil pour quelqu’un dans une situation similaire qui voudrait aller en médecine ? 


Il est possible que certains individus doutent de vous durant votre parcours, et cela surtout dans les premières étapes de votre retour aux études. Or, je vous en conjure, envoyez-les au diable tous autant qu’ils soient et concentrez-vous sur votre objectif.

Questions en rafale : 

Ta plus grande inspiration : Je n’en ai jamais eu.
Quel est ton plat favori : La viande et le poisson crus (au grand désarroi de ma copine végétarienne)
Lève tôt ou couche-tard : Les deux! Ça dépend des activités que je dois faire.