Le Pouls

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Pendant ce temps, derrière nos écrans…

La COVID-19 a certainement complètement chamboulé toutes nos vies depuis son commencement. Bien que le taux de mortalité au Québec démontre qu’elle fauche des vies sans équivoque chez nos aînés, elle affecte grandement notre société entière. Que nous soyons jeunes ou un peu moins, il est impossible de savoir à quel point ce virus peut nous affecter si l’on le contracte. Cependant, le virus lui-même n’est pas le seul à chambouler des vies. La dépression et l’anxiété dans la société augmentent et l’isolement se fait de plus en plus ressentir. Les psychologues sont débordés, ce qui complique l’accès à des soins de santé mentale. Des suicides reliés à la solitude du confinement, il y en a. Un ami m’a justement parlé la semaine dernière de la perte d’un être cher de cette horrible manière.

       Bien sûr, les travailleurs du réseau de santé font des pieds et des mains afin de fournir les meilleurs soins possibles aux Québécois et Québécoises. C’est une situation nouvelle et imprévisible qui a cogné aux portes de nos hôpitaux déjà surchargés. En revanche, il est important de se rappeler que les circonstances reliées à la COVID-19 font elles aussi des ravages qui sont parfois oubliés. La santé mentale de plusieurs personnes autour de nous se détériore silencieusement à vue d’œil. Sans aucunement minimiser les défis de tous face à cette pandémie, je crois que les étudiants au postsecondaire sont particulièrement affectés par ce manque flagrant de socialisation. Nos écrans sont désormais associés à la quasi-totalité des sphères de nos vies. Que ce soit pour socialiser, étudier et même faire des loisirs et du sport (personnellement, du moins), nous devons constamment fixer un écran qui nous retourne souvent que le reflet de notre solitude et de notre isolement. Je me considère tout de même chanceuse, je suis entourée de ma famille et j’ai un contact humain de façon quotidienne. Je n’ose même pas imaginer le sentiment de solitude totale que vivent certains étudiants qui étouffent dans leur petit appartement. 

       Je débute personnellement mon parcours universitaire cette année, une rentrée supposément parsemée d’excitation. Jamais je n’aurais imaginé à quel point cette rentrée amènerait son lot de nouveautés et de premières, mais elle a malheureusement été ternie par un fort sentiment de solitude. Je n’ai pas su former de véritables liens autres que par des rencontres Teams avec les quelques personnes que j’ai rencontrées pendant ma seule journée sur le campus. Pendant que nous regardons les plus jeunes prendre l’autobus, nous nous déplaçons de notre lit à notre bureau pour regarder notre ordinateur pendant des heures. Une petite marche est désormais ma seule activité quotidienne n’impliquant pas un écran. Ce n’est pas facile pour tout le monde, certes, mais cette constante solitude devient écrasante alors que les journées se poursuivent et se ressemblent sans cesse.

Je ne questionne pas les mesures sanitaires en place. Au contraire, je crois qu’elles sont nécessaires afin de sauver des vies. Par contre, la santé mentale est un réel facteur dans cette pandémie. Imaginez votre parcours universitaire sans même avoir rencontré en personne la vaste majorité de votre cohorte et n’avoir que des cours préenregistrés sans jamais véritablement interagir avec des enseignants autres que via un forum débordant de questions. Bien sûr, cette situation ne durera pas éternellement, mais il n’en reste pas moins que présentement, c’est la réalité des étudiants. Oui, nous sommes matures et pouvons maintenant être indépendants dans nos études. Cependant, la chaleur humaine me manque terriblement et je suis persuadée que je ne suis pas la seule.

Une bonne santé mentale est d’une importance capitale afin de pouvoir s’accomplir en tant qu’humain et futur professionnel de la santé. Après tout, comment peut-on se dévouer aux autres quand nous-mêmes sommes en détresse? Ce n’est pas facile de naviguer cette année scolaire inédite sans jamais avoir vécu une expérience universitaire régulière, mais je crois fortement que nous pouvons y arriver. Même si je ne vous connais que par Zoom, chère cohorte 2025, cette cohorte CASPER si unique, je suis convaincue que nous allons finir par nous rencontrer un jour. D’ici là, entraidons-nous et soyons résilients, même si ce n’est pas toujours aussi facile que nous le voudrions.

Anonyme